CHAFFOIS, commune du Doubs, fait partie de la Communauté de Communes du grand Pontarlier.
1 027 habitants en 2022, ce nombre est sans cesse en évolution, le recensement qui aura lieu l’an prochain nous permettra d’ajuster ce chiffre.
Village de la Plaine d’Arlier traversé par le Drugeon, la commune d’une superficie de 1 600 hectares, présente un territoire très varié :
Une zone de marais d’une grande richesse écologique (faune, flore et oiseaux très rares), classée en site Natura 2000.
Une vaste zone de pâturages où dolines et failles sont nombreuses dont le Gouffre de Jardelle.
Un espace boisé de 259 hectares dont 110 hectares de forêt communale.
Le village
Le village conserve une vocation agricole avec encore 8 exploitations en GAEC, un élevage de moutons, une pension de chevaux et une pension canine. Sur le plan économique, une fruitière, la société des carrières de Chaffois, un restaurant, une boucherie, une société d’ambulance et quelques artisans.
La vie associative est très dynamique avec des clubs de marche, gym, foot, canicross, tarot, chant chorale. Les associations de chasse, anciens combattants, parents d’élèves sans oublier le comité d’animation de Chaffois qui anime le village à plusieurs occasions dans l’année.
Dans la mairie se trouve les locaux de la bibliothèque, du club de scrabble, du club du troisième âge et du tout nouveau club d’aquariophilie.
Sur la zone de loisirs qui s’étend jusqu’au rond-point (Frasne-Levier), sont implantés la salle des fêtes devant laquelle viennent d’être installé un distributeur de pain et un distributeur de pizza, l’école qui comprend 110 élèves répartis en 5 classes et le périscolaire, la micro crèche qui peut accueillir 12 enfants, les aires de jeux, le terrain de foot, une aire de fitness extérieure et l’aire multisports.
La Municipalité poursuivra chaque année ses projets visant à rendre le village plus accueillant et à améliorer la qualité de vie de ses habitants.
Village en pleine expansion, Chaffois est une commune accueillante et tourné vers l’avenir.
Histoire et Patrimoine
Les fouilles des tumuli protohistoriques ont permis la découverte d’objets datant de 2000 ans avant J.C. (exposés au Musée de Pontarlier) et des sépultures mérovingiennes.
Le Moulin de Chaffois
Aujourd’hui en ruine, le moulin de Chaffois dont les premières traces d’existence ont été trouvées aux archives municipales de Pontarlier dans un document datant de 1644 fait partie du patrimoine historique de la commune.
Les vieilles pierres et la roue encore visibles rappellent aux promeneurs que le moulin, par la diversité de son activité passée représentait un dynamisme capital pour la région.
L’activité du moulin était saisonnière. Les moissons apportaient leur lot de grains (graines de grands navets, pavots, chanvre et même noisettes et faines puis plus tard maïs) qui étaient écrasés en pâte qui était ensuite pressée pour en extraire l’huile pour la cuisine et l’éclairage. Ainsi jusqu’à l’hiver, ces diverses activités entraînaient un va-et-vient incessant. Le moulin devenait un centre de rencontre et un outil indispensable à la fabrication des denrées principales de la famille. Le meunier était payé en nature (5% du grain moulu) mais il y avait un peu d’abus et on disait que le « munier » n’avait pas trop du dernier samedi de pâques pour se confesser …
L’hiver était calme surtout à cause du gel, et le meunier en profitait pour entretenir le moulin, curer l’étang ou tailler les meules. A Chaffois, il était aussi cultivateur : bétail, jardin, chènevrière, choulière, vergers et poissons. Il travaillait le bois pour lui-même et au printemps, profitant de la force hydraulique, il sciait des planches pour les habitants. A l’époque, les enfants des campagnes connaissaient ainsi toutes les étapes de la fabrication du pain ou de l’huile, ces choses si simples en apparence : labours, préparation des terres, semailles, moissons, battage et mouture.
L’histoire du moulin de Chaffois nous amène à un tragique épisode qui a eu lieu sous la révolution : Par une soirée d’avril 1794, un grand nombre de visiteurs se dirigeaient de Chaffois vers le moulin. D’après la déposition du comité révolutionnaire, d’autres personnes attendaient pour passer le Drugeon en barque. Il relate aussi avoir vu plusieurs fois pendant la nuit des individus aborder la rivière « tant coté des Granges que de Ste Colombe », et qui s’en retournèrent à la vue de la garde.
Cette affluence au moment de pâques ne pouvait s’expliquer que par la présence d’un prêtre réfractaire. Il n’en faut pas plus pour déclencher la fouille de la bâtisse. Les recherches restent vaines. Le lendemain, un garçon voit dépasser des bardeaux de la cheminée un morceau d’étoffe bleue. Dom Lessus fut arrêté. C’était un prêtre qui n’avait pas prêté serment à la constitution. Il exerçait ses fonctions en cachette, et se déplaçait déguisé en sachant que c’était au péril de sa vie. Avec son hôte Barthélémy Javaux, ils furent transférés au tribunal au 8 rue de la république à Pontarlier. Le comité de salut public les condamna à la guillotine. L’échafaud fut dressé place St Bénigne. Dom Lessus fut exécuté le 25 avril 1794 à 28 ans et Barthélémy Javaux le lendemain à 31 ans. Leurs tombes adossées à l’église St Bénigne, entrée nord, furent longtemps un lieu de pèlerinage pour le Haut Doubs.
Après ce triste épisode, l’activité du moulin ne fit que décroitre. Les bâtiments commencèrent à se dégrader et n’étaient plus entretenus par manque de moyens. Son activité cessa au milieu du XIX° siècle (1852). Les Bâtiments gardèrent un usage agricole jusqu’au début du XX° siècle puis ne furent plus qu’un abri pour pêcheurs ou braconniers jusqu’à la seconde guerre mondiale.
Par ces diverses activités : Meunerie, huilerie, pressoir, scierie, pêche, etc…, ce complexe artisanal, situé aux limites communales, animait la vie économique des trois villages de Chaffois, Ste Colombe et Granges-Narboz.
Aujourd’hui, ces pierres qui nous parlent nous laissent rêveurs.
L’église :
Elle est mentionnée pour la première fois dans des textes vers 1217.
En 1636, durant la guerre de dix ans (épisode franc-comtois de la guerre de trente ans), des pilleurs entrent dans l’église. On retrouvera une cloche, vendue dans un village suisse où elle est toujours en service.
En 1863, sous la volonté du curé de l’époque, la municipalité refait des travaux pour la somme de quinze mille francs (voûte, meneaux, fenêtres, réfection des grisailles).
En 1871, mille cinq cents soldats de l’armée de Bourbaki s’installent dans l’église et provoquent des dégradations importantes.
Le 17 mai 1904, un incendie détruit l’église. Seul le chemin de croix et les ornements sacerdotaux ont pu être sauvés. Le 11 juin, l’assurance règle le sinistre pour trente-trois mille francs. Dès le lendemain, les villageois commencent le déblaiement. Un architecte propose un devis de soixante mille francs pour la reconstruction avec un clocher flèche mais celui-ci, trop élevé, sera revu à la baisse et reviendra à cinquante mille francs.
Début 1905, les travaux commencent avec l’entreprise Borgazzi de Pontarlier. Ils dureront presque deux ans et le 8 décembre 1906, l’église est bénie avec deux nouvelles cloches ainsi que l’horloge. Au fur et à mesure des années, elle sera modernisée avec les bancs, le chauffage et l’électrification des cloches (2150 kg et 1080 kg) qui étaient jusqu’alors sonnées à la main.
En 1973, d’importants travaux de restauration sont faits. Les deux cloches sont refondues pour en faire trois plus petites (750 kg, 530 kg et 375 kg) qui seront baptisées le 13 mai 1973.
En 1976, l’intérieur de l’église sera à son tour rénové (peintures et bancs). Ces mêmes travaux ont à nouveau été effectués en 2016, ainsi que l’entretien des murs extérieurs.
De nombreuses croix dans le village témoignent de la piété des habitants de l’époque (la plus ancienne en pierre date du XVIIIème siècle).
La Chapelle Notre Dame Du Mont
L’Abbé Perrot qui fût nommé curé de la paroisse en 1941, promet que si le village est épargné pendant la seconde guerre mondiale, il fera construire une chapelle au-dessus du mont. La guerre se termine, le village compte un seul mort et dix-sept prisonniers qui rentreront dans leurs foyers.
Le projet voit le jour avec une souscription auprès des habitants. Les pierres sont extraites de la carrière toute proche et montées avec les chevaux au-dessus du mont. Le travail est dur, le chemin abrupt et pas très praticable. Tous les hommes d’âge mûr sont mis à contribution. Une entreprise de Pontarlier exécute les travaux malgré les matériaux qui se font rare car la guerre vient de se terminer.
La vierge sera taillée par la maison Guillin marbrier à Mouthier. La blanche statue de la Vierge est abritée par la flèche. Au-dessus on peut lire : « POSUERUNT ME CUSTODEM » : « ils m’ont confié la garde ».
Le 12 septembre 1946 la chapelle est inaugurée par Monseigneur Dubourg. Durant l’hiver 1945-1946, les jeunes filles du village ont confectionné des décorations pour ce grand jour. La montée sera jalonnée de sapins enguirlandés et autour de la chapelle les prêtres des villages alentours seront présents ainsi que leurs paroissiens. Ce sera une grande journée de prière. Depuis lors, tous les ans, une prière est faite à la chapelle le 15 Août.
Il y a une quarantaine d’année toute une équipe de bénévoles a déconstruit le mur de l’édifice qui montrait des traces de fatigue, pour le reconstruire avec les mêmes pierres sous les conseils du maçon du village.
En 2021, la municipalité a procédé à la restauration complète de la flèche et à la remise en peinture de l’ensemble de l’édifice qui au fil du temps est devenu un symbole et un point de repère dans le paysage pour les Chaffoyards et les habitants de la région.
Le Gouffre de Jardelle
Etroitement associé à l’histoire de CHAFFOIS, le « trou de jardelle » est un puits de 128 m de profondeur qui fait partie d’un complexe géologique karstique. La formation du gouffre est due à l’effondrement de la voute d’une grande salle souterraine, à une période indéterminée.
Jusqu’en 1904, le « trou de Jardelle » a servi de charnier pour une dizaine de villages aux alentours. Notamment lors de la guerre de 1870 pendant laquelle mille cinq cents animaux, morts du typhus, y ont été jetés, sous le couvert du conseil général du Doubs.
En 1900, le Dr Larmet reprocha aux paysans du secteur d’abattre en secret les animaux, atteints par le bacille du charbon pour en vendre la viande, alors qu’il aurait été plus simple de les jeter dans le gouffre.
En 1901, lors de la première exploration, on colore l’eau du fond qui ressortira vingt-quatre heures plus tard à la source de la Loue. Pire, une partie de l’eau arrive directement au robinet des habitants de Ouhans.
C’est en 1904 que l’administration fait marche arrière et interdit ces pratiques de charniers. Cela n’empêchera pas la même administration, vingt ans plus tard, de se servir du gouffre pour se débarrasser d’obus de la première guerre mondiale non utilisés.
En effet, vers 1923, les premiers camions arrivent depuis la gare de Pontarlier où ils sont chargés depuis les wagons. Cependant, le chemin qui conduit au gouffre devient bien vite impraticable, les camions s’enlisent les uns derrière les autres. A ce moment-là, les autorités décident de lancer la construction d’une mini voie ferrée et de mettre les obus dans des wagonnets. Ils rejoindront le trou depuis un point plus haut. Depuis lors tous les tonnages ont été évoqués passant de 30 000 à 3 000 tonnes mais sans jamais avoir un poids vraiment défini.
Exploration 2023 du gouffre de Jardelle
Initiée par la commune dès le mois de février, l’exploration du gouffre de Jardelle s’est déroulée le 30 août et les 1er, 2 et 3 septembre 2023 en collaboration avec de nombreux intervenants.
Les objectifs étaient multiples :
Les obus déposés dans le gouffre en 1923 proviennent d’un surstock de l’armée Française de la première guerre mondiale. Il n’y a pas d’obus chimique et l’intégralité de ceux-ci ont été désamorcés. Les conditions de conservations (température et hygrométrie) sont telles que nous n’avons pas constaté de dégradation particulière des obus. Il n’y a à ce jour aucun risque d’explosion.
Les analyses effectuées par le laboratoire Eurofin Hydrologie à coté de Nancy n’ont pas permises de détecter de trace de pollution.
A l’aide d’un drone et d’un scanner 3D, l’équipe du secours spéléo du Doubs a pu établir une cartographie détaillée du gouffre. Un plongeur-démineur et des plongeurs spéléo ont également explorés les syphons se trouvant après le gouffre.
Une meilleure connaissance de la topographie du fond du gouffre devrait nous aider à déterminer la quantité d’obus stockés car à ce jour, en l’absence d’archive, nous ne connaissons pas le tonnage exact. L’exploration de 2010 fait état d’une quantité d’obus estimée à 3 000 tonnes.
Deux experts du ministère de l’intérieur et de la défense ont étudié minutieusement la possibilité de remonter en cas de besoin tout ou partie des obus. Une telle opération devant se faire obligatoirement dans des conditions de sécurité optimum.
Dans l’état actuelle des choses, vu l’état de conservation des obus, les conditions de stockages et l’absence de pollution, envisager la remontée et la destruction sur place des obus aurait un impact sur l’environnement beaucoup plus négatif que de ne pas y toucher.
En conclusion, il a été convenu avec la Préfecture, en l’absence d’élément nouveau, de renouveler cette opération de surveillance tous les dix ans.
Une réflexion est en cours afin que l’accès au site soit réglementé par arrêté préfectorale et non plus simplement par arrêté municipal.